Une publication scientifique démontre la pertinence de l’utilisation d’organismes sentinelles pour la surveillance des pics de micropolluants dans les STEP, grâce à la station de bio-détection ToxMate.
Des micropolluants sont régulièrement présents dans les rejets de stations d’épuration (STEP). Toutefois, les méthodes d’échantillonnage classiques ne parviennent pas à en identifier les variations temporelles, la dynamique et la variabilité de la charge.
Or, les rejets de micropolluants dans les effluents sont de nature hautement transitoire, entraînant des pics de concentration de courte, voire très courtes durées, ce qui nécessite des approches complémentaires de surveillance en temps réel.
Dans ce contexte, le comportement des organismes vivants s’avère un indicateur écotoxicologique sensible, offrant des réponses rapides à l’exposition aux contaminants à des doses sublétales. L’évitement est un comportement déjà bien étudié chez certaines espèces en réponse à la contamination, ce qui en fait un choix potentiellement adapté pour une approche de surveillance non ciblée des pics intermittents de micropolluants en STEP. Cependant, il est essentiel que cette méthode soit robuste et reproductible, compte tenu de la complexité et de la nature en constante évolution des sorties des STEP.
L’objectif de cette étude est de développer un biotest utilisant le comportement d’évitement des gammares pour détecter les pics de rejets intermittents de micropolluants adapté à la surveillance des effluents de STEP.
L’article détaille d’abord les méthodes utilisées pour atteindre l’activité minimale des invertébrés, puis présente les résultats de l’exposition des gammares (Gammarus fossarum) à des pics de deux différents micropolluants, le cuivre (métal lourd inorganique) et le méthomyl (pesticide organique) dans des conditions variées, y compris un suivi à long terme des effluents de station d’épuration. Les organismes utilisés pour les expériences sont collectés dans un site non pollué dans le bassin du Rhône, en France, et subissent une phase d’acclimatation de trois semaines dans des conditions contrôlées au laboratoire. Les mesures comportementales sont effectuées à l’aide de la technologie ToxMate, qui permet de suivre individuellement l’évitement des organismes exposés aux micropolluants. La technologie ToxMate a été adaptée pour une utilisation industrielle, permettant la surveillance en ligne des effluents de stations d’épuration.
Les résultats indiquent que les gammares ont montré une augmentation immédiate de leur activité en réponse à la présence de cuivre, indiquant un comportement d’évitement. Des analyses statistiques ont été effectuées pour évaluer la sensibilité des gammares aux micropolluants et ont montré des réponses d’évitement soutenues.
En conclusion, cette étude montre que les gammares peuvent être utilisés comme des organismes sentinelles pour surveiller les pics de micropolluants en station d’épuration. Le modèle d’activité minimale proposé permet d’obtenir des réponses d’évitement cohérentes et reproductibles. Les résultats ont mis en évidence la pertinence de cette approche avec la station de biosurveillance Toxmate pour détecter la dynamique des contaminants en temps réel sur de longues périodes.